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Ouarzazate Une Ville au bord du gouffre

Ouarzazate Une Ville au bord du gouffre

Difficultés financières, enclavement terrestre et aérien, insuffisance de promotion de la destination, vieillissement du parc hôtelier, industrie cinématographique quasi-inexistante… Les maux de Ouarzazate sont nombreux. La situation est plus qu’alarmante. Mais qu’attendent les pouvoirs publics pour y remédier ?

Il est temps de tirer la sonnette d’alarme pour Ouarzazate. La ville traverse depuis plusieurs années une léthargie très grave de son tourisme et de son activité économique dans son ensemble.
Situation qui a conduit à ce que le parc hôtelier se réduise à vue d’œil comme peau de chagrin. Les principaux problèmes des unités hôtelières sont leur endettement et leur incapacité à rembourser leurs créances, notamment vis a vis du CIH ; Ce qui a conduit depuis plus de 10 ans, plusieurs unités hôtelières à un cycle infernal de redressement judiciaire.


C’est donc l’asphyxie !

Ce qui est une des raisons notamment au fait que beaucoup d’établissements ne sont pas en règle vis-à-vis de la CNSS, des impôts, des taxes communales et des fournisseurs.
D’autres hôtels trouvent des difficultés à payer régulièrement les salaires des employés et à entamer des opérations de rénovation de la mise à niveau de leurs établissements. Tout ceci mène à des tensions et des conflits sociaux récurrents.

« La situation est intenable ! les opérateurs qui ont cru en la destination et ont investit dans la ville, il y a plusieurs décennies ; se retrouvent aujourd’hui avec des unités vieillissantes, un personnel démotivé et en colère d’où la baisse de la qualité de service… et des dettes à n’en plus finir. Dans ce contexte, comment voulez-vous maintenir le cap ? »s’interroge un hôtelier de la ville.

A l’heure actuelle, cinq hôtels ont déjà fermés leurs portes et plusieurs sont en situation très difficile et, si des solutions ne sont pas trouvées, risquent également de mettre la clef sous la porte.

Les hôteliers réclament des rééchelonnement de certaines leurs dettes et l’abandon pur et simple de certaines autres comme les ardoises de la CNSS… Pour l’instant leurs doléances sont restées sans réponses…

Plusieurs commissions composés du Gouverneur de la région, des autorités locales, du ministère du Tourisme, de l’ONMT, du CCM, de la SMIT… se sont pourtant réunis à plusieurs reprises pour faire des constats de la situation et pour proposer des plans d’actions à court et moyen termes. Les leviers à mettre en œuvre sont donc connues et actés.

Ils se résument comme suit.

Il faut, tout d’abord une intervention en urgence du Ministère des Finances auprès des organismes bancaires, CNSS et Impôts pour soulager, rééchelonner ce qui peut l’être dans les dettes des établissements en souffrance, et élaborer une convention avec les propriétaires pour la reprise de l‘activité et l’assainissement de leur situation.

Il est essentiel également de mandater un cabinet spécialisé pour l’accompagnement des établissements en forte dégradation pour leur mise à niveau et leur reprise de service et de commercialisation.

Un plan d’actions avec retro-planning à court terme avec le CCM pour l’obtention de quelques tournages pour cette saison (nationaux ou étrangers) devrait aussi être arrêté pour drainer une activité liée au secteur cinématographique.

L’élaboration d’un plan de démarchage auprès des grands prescripteurs (MICE, TO, lancement de voiture, émission TV…) pour Ouarzazate pourrait également être envisagée mais cette action est tributaire de la disponibilité d’un hébergement de qualité et suffisant. Grand paradoxe, la capacité hôtelière actuellement disponible ne suffit, en effet, pas à drainer des opérations importantes.

De son côté ; la RAM, en tant qu‘acteur touristique engagé devrait consentir à prendre le risque d’ouvrir de nouvelles lignes en direction de Ouarzazate avec des horaires plus étudiés. Mais pour l’instant la compagnie refuse car ces lignes seraient déficitaires.

Il faudrait intensifier la promotion auprès des prescripteurs de niche spécialisés en randonnées, désert, aventure… et qui peuvent utiliser les hébergements existants (auberges, bivouacs, petites structures…).

Dans ce schéma, les touristes nationaux ne doivent pas être oubliés. En prévision des vacances scolaires du Printemps, il serait, par exemple, judicieux de mettre en place une campagne spécifique promotionnelle à destination des nationaux avec la contribution des opérateurs mais aussi des transporteurs tels la RAM et l’ONCF.

« Bien entendu, ces actions ne peuvent être que ponctuelles, en attendant des solutions plus structurelles, mais au moins elles permettraient d’abord le réamorçage de l‘activité. » explique un opérateur avertit.

A moyen et long terme, les besoins seront donc de lancer une étude de positionnement de la ville pour établir une feuille de route pour le développement économique et sociale de la région et l’activation du contrat-programme touristique de Ouarzazate, prévu par la Vision 2020.

Ce qui est étonnant, c’est que depuis de long mois, voir depuis plusieurs années, le constat de cette situation est connu de tous, que ce soit des opérateurs privés que publics. Le détail de la situation a même été envoyé a la primature en mars dernier. Mais aucune suite concrète n’a été donnée… Le plan d’urgence tarde à voir le jour malgré la mobilisation de la Fondation Ouarzazate, des ONG, des élus locaux et des opérateurs de la ville.

Qu’attend-on ? Que d’autres hôtels ferment leurs portes ? Que les salariés qui restent plis bagages et s’exodent vers des régions où il fait bon vivre ? Que l’ensemble de l’économie de la ville s’effondre ?
Le constat est là et les questions restent posées…

Ahlam Jebbar

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