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Panique au Toubkal

Panique au Toubkal Ali Ghator Chroniqueur
Depuis quelques semaines, les randonneurs sont réveillés en pleine nuit par des brigades de gendarmes qui patrouillent dans la région du Haouz. Motif : les organisateurs du bivouac sont ils en possession d’une autorisation qui leur permette de bivouaquer dans la nature ? Bien souvent, la réponse étant non, les touristes sont sommés de quitter les lieux et les organisateurs sont bien embarrassés. Ce qui choque, c’est l’intrusion en pleine nuit pour un contrôle qui pourrait très bien être fait de jour et éviter ainsi un traumatisme aux touristes.

 Qui sont donc ces organisateurs ? En grande partie des agences de voyages spécialisées, en possession de licences en bonne et due forme, délivrées par le Ministère du tourisme et opérant de manière transparente avec un personnel formé à la randonnée ou au trekking, avec le matériel nécessaire pour ce type de prestations et un grand respect en matière environnementale.

Alors, comment peuvent elles dans ce cas ignorer le fait que pour bivouaquer, il faut une autorisation? Il semblerait, que l’obtention de cette autorisation relève du parcours du combattant. La demande est faite auprès du délégué du tourisme, et ne peut être délivrée que par le Gouverneur de la province. Pour se faire, il faut réunir une commission composée de plusieurs membres, se rendre sur le site et le valider, tout cela théoriquement en une semaine. Lorsque le circuit comporte 4 étapes et que plusieurs agences font des demandes avec des parcours différents, cette procédure est tout simplement irréalisable et dans ce cas, pas d’autorisation possible.

Pour rappel, le bivouac est assimilé à un établissement touristique régi par la loi 61-00 et son décret d’application. Par bivouac, on distingue tout campement destiné à recevoir de manière temporaire des touristes, soit de manière provisoire dans une étape de randonnée itinérante, ou installé dans des sites réservés à cet effet en dehors des agglomérations.

Cependant, au niveau des normes et selon les agences de voyages, la distinction n’est pas faite et ils se voient soumis aux mêmes exigences qu’un bivouac fixe notamment en matière d’équipements. Matériel d’éclairage, stockage d’eau pour les WC et les douches, équipement de couchage, équipement de restauration etc… . Or, dans le cadre d’une randonnée, on ne se trimbale pas des matelas, des oreillers, une citerne, des tables, des tabourets, des douches, des WC et autres équipements nécessaires pour un bivouac fixe, mais complètement superflus dans le cadre d’un trekking ou une randonnée.

Le Parc national de Toubkal accueille chaque année des milliers de randonneurs que ce soit dans le cadre de l’ascension du Mont ou pour de la balade dans les zones périphériques. La direction du Parc qui est sous tutelle du Haut Commissariat aux eaux et forets, travaille depuis plus de deux ans, sur une charte qui devrait définir une zone touristique dans laquelle les randonneurs pourront évoluer tout en préservant les ressources naturelles exceptionnelles, tans en gravures rupestres, en faune ou en flore, et qui font la spécificité de ce haut lieu du tourisme vert.

Pour concilier tourisme et aire protégée, il est tout a fait normal qu’il y ait des autorisations avec engagement des acteurs à respecter les lieux et leur population. Les agences de voyages spécialisées de la région, sont tout a fait conscientes des enjeux et les premiers à défendre cette démarche, encore faudrait-il , qu’ils soient impliqués dans la mise en place du cahier de charge qui sert de document de base pour la délivrance de la fameuse autorisation.

En attendant la mise en place de la charte et pour leur permettre de continuer à exercer leur métier dans la sérénité, les réceptifs spécialisés souhaitent une rencontre avec les autorités de la région afin de lever toute ambigüité et rassurer les TO spécialisés qu’ils représentent. La saison de la randonnée dans le Toubkal, commence maintenant.

Ali Ghator.

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