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Abdellatif Kabbaj : «Les grands maux du secteur sont l’aérien et la promotion»

Abdellatif Kabbaj : «Les grands maux du secteur sont l’aérien et la promotion»

A la tête de la Confédération Nationale du Tourisme -CNT- affiliée à la CGEM depuis le 23 décembre dernier, Abdellatif Kabbaj nous fait son premier bilan, et nous livre ses analyses, sans langue de bois, dans cette interview.

Vous êtes à la tête de la CNT depuis le 23 décembre. Comment se passe ces premiers mois ?

Il y a du pain sur la planche. Nous nous sommes mobilisés pour impliquer toutes les forces vives. En deux mois, nous avons accompli un grand travail.
Aujourd’hui, il y a quatre Fédérations qui sont bien organisées. Pour les 3 autres, nous devons mettre à jour les statuts et placer à leur tête les meilleures compétences pour qu’elles puissent être performantes.
Nous avons constitué une équipe de choc autour des différents métiers. Je suis très satisfait de la relation que nous avons mise en place entre public-privé. Nous arrivons à présent à travailler main dans la main. Ce qui n’était pas toujours le cas par le passé. Ce n’est que comme ça que nous avancerons.
Nous nous sommes également rapprochés de la CGEM qui nous a accueillit les bras grand ouvert. Nous avons payé nos cotisations qui étaient en retard.
Il n’y a pas de raison que nous ne bénéficions pas de la force de la CGEM. D’autant que le Tourisme représente quelques 5800 entreprises, 500.000 emplois et 107 milliards de Chiffre d’Affaires. Ils sont donc heureux de nous avoir avec eux et nous le sommes également. Nous avons d’ailleurs mis en place notre règlement intérieur que nous avons calqué sur celui de la CGEM.

Quels sont les dossiers importants sur lesquels vous travaillez à présent ?

 
En ce moment, et comme je viens de vous le dire, nous allons tout d’abord mettre à jour les Fédérations métiers qui ne le sont pas comme celle des restaurateurs ou encore celle des guides.
Ensuite, nous sommes entrain de travailler sur le financement de la CNT. Jusqu’ici la CNT était à court d’argent. Le problème est entrain d’être résolu.
Nous avons besoin d’un budget annuel de 10 à 15 millions de dirhams. Un tiers va provenir des cotisations des membres, un autre tiers du ministère du Tourisme, à travers les fonds qu’ils ont et enfin le dernier tiers va provenir d’un fond d’aide international pour les associations.
De ce fait, nous n’aurons plus besoin de quémander de l’argent ailleurs.
Nous allons également acheter des bureaux dignes de ce nom au centre ville de Casablanca comme nous l’avons fait pour la FNIH.
Et j’espère un jour avoir un immeuble avec la CNT et toutes les fédérations regroupées. Nous y arriverons.
A côté de cela, nous sommes entrain de faire l’inventaire de la Vision 2020. Nous sommes en 2015, c’est donc une évaluation à mi-parcours. Je ne pense pas que nous arriverons aux 20 millions de touristes en 2020 mais nous allons tout faire pour nous en rapprocher le plus possible.

Comment se porte le Tourisme aujourd’hui ? Certains parlent d’une crise et d’un bradage sans précédent… Info ou intox ?
 
C’est vrai que certains distillent par ci par là ce genre d’informations. C’est complétement faux. Le Syndicat National des Agences de Voyages français –SNAV- a annoncé une chute de plus de 60% des arrivées françaises au Maroc mais le SNAV n’a pas les outils pour mesurer cette baisse. Le CETO parle, quand à lui, de 28%. Ce qui n’est pas la même chose. Et même le CETO n’a pas la représentativité de tout le secteur pour donner des chiffres 100% fiables.
Nous avons, certes enregistré une baisse du marché français, espagnol, belge et hollandais durant ce premier trimestre. Mais nous avons beaucoup d’espoirs pour une reprise dés le mois d’avril. Les clients qui veulent aller au soleil à moins de 3 heures de vol n’ont pas beaucoup de choix aujourd’hui… Nous sommes beaucoup plus sûrs que nos pays voisins.
Maintenant, pour bien booster cette reprise il nous faut une promotion intelligente, une promotion coup de poing. Il faut que l’ONMT et nos Ambassades à l’étrangers soient de bons relais et clament haut et forts que nous sommes un pays sur.
Il faut des rédactionnels et des publi-reportages dans la presse étrangère, il faut une prèsence sur les plateaux télé et inviter la presse partout au Maroc, faire parler les étrangers du Maroc… Il faut absolument que nous occupions le terrain pour redonner confiance en la destination.
Au lieu de cela, l’ONMT fait ses petites actions isolées, dans son coin… On a besoin d’actions fortes, subventionner des lignes aériennes ce n’est pas tout ! Des actions promotionnelles de grande envergure doivent être misent en place. Monsieur Zouitene, le DG de l’ONMT connaît bien le secteur.
Nous espérons qu’un jour l’Office du Tourisme devienne une société anonyme où siègent les professionnels afin que nous ayons notre mot à dire et que nous puissions suivre le travail de promotion de très près.

Dakhla est sous les projecteurs depuis quelques semaines. La ville a besoin d’être boostée mais l’aérien fait défaut… Quelle est votre position ?

Dakhla est une destination qui a beaucoup d’avenir. Le climat, la beauté des plages, la saisonnalité s’y prêtent. Mais malheureusement, comment amener les clients ?
L’aérien est le problème majeur de tout le pays et pas seulement de Dakhla. Le manque de sièges est un problème récurrent. J’entends bien l’aérien au prix adéquat ! car le prix également pause problème. Et nos responsables ne veulent pas se pencher sur le problème.
Il faut donc encourager la création de nouvelles compagnies aériennes low-cost et charter. Jusqu’ici pour protéger la RAM, cela n’a pas été possible. Il faut qu’on arrête de protéger la RAM.
Le Paris-Dakhla annoncé par l’ONMT est une bonne … L’ONMT doit apporter sa subvention pour qu’une telle ligne soit efficiente.

Il faut également ramener des zones touristiques à Dakhla sans dénaturer l’environnement, bien entendu. Pour cela, il faut que l’Etat cède les terrains à des prix très bas pour encourager l’investissement et mettre en place tout le système incitatif.
Le tourisme ne s’est bien développé au Maroc que quand il y avait des aides aux investisseurs.., comme cela a été le cas à Agadir et Marrakech qui représentent aujourd’hui 80% de l’activité touristique du pays.
A côté de celà, le désenclavement de la région est aussi très important. Il faut que sur le plan sanitaire, des routes… un effort soit également fait.

L’aérien reste incontestablement le principal mal du secteur…

 
L’aérien est aujourd’hui le principal obstacle au secteur. C’est le chat qui se mord la queue, on ne veut pas mettre de l’aérien car il n’y a pas de demande, mais mettons de l’aérien pour qu’il y ait de la demande !
Nous avons rencontré le chef du Gouvernement et nous lui en avons parlé. Je pense que ça va évoluer.
Notre rôle est de mettre le doigt là où ça fait mal pour faire évoluer positivement le secteur et c’est ce que nous faisons.

Toujours pas de Président pour l’Observatoire du Tourisme… y-a-t-il du nouveau ?

 
Oui, depuis hier nous sommes fixés. Mais le nom n’est pas encore annoncé officiellement. La proposition sera faîte dans les prochains jours pour officialiser les choses.
L’observatoire est un outil important qui doit nous restituer fidèlement les chiffres et les études du secteur nécessaires pour anticiper sur l’Avenir.
Nous sommes entrain de constituer une nouvelle équipe qui sera à même de relever ce défi. Je suis donc confiant pour l’avenir.

Entretien réalisé par
Ahlam Jebbar

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