Tourismapost

Mövenpick Marrakech

Vision 2020, Lahcen Haddad s’explique

Vision 2020, Lahcen Haddad s’explique

Le ministre vient de lancer, il y a peu une étude d’évaluation à mi-parcours de la Vision 2020 par le cabinet Business Consulting Group. Ce qui a relancé le débat dans la presse et chez les opérateurs sur l’intérêt de cette Vision, sur les points de blocages qui empêchent sa réalisation et sur les réajustements qui s’imposent.
Lahcen Haddad, ministre du Tourisme, nous explique le pourquoi du comment d’une telle initiative.

Les ambitions de la Vision 2020 sont-ils trop ambitieux ?

C’est trop tôt pour juger. On lance une étude à mi-parcours pour évaluer et pour ajuster.
Une vision, c’est une projection par rapport à comment on imagine le succès.
La Vision 2010 a été réalisée en 2013 et ce cela n’a pas été rendu possible grâce au Plan Azur comme cela avait été programmé au départ.
Donc une Vision, c’est juste une façon de mobiliser tout le monde autour d’un projet commun.
Aujourd’hui, il y a plusieurs objectifs de la Vision 2020 qui sont réalisables comme la mise en place des territoires, le dédoublement de la capacité litière.
150 milliards de dirhams d’investissement est également un objectif à notre portée ; inscrire le Maroc comme destination de Tourisme durable, assoeir le tourisme interne qui représentait 25% du Chiffre d’affaire global en 2012 et qui est passé aujourd’hui à 33%…
Il ne faut pas focaliser toute la Vision 2020 sur le chiffre quantitatif des arrivées.
Si le Maroc arrive à 18 Millions de touristes en 2024 ou 2025, c’est très bien.
Il faut bien se dire que ce n’est pas le nombre qui fait la maturité d’une destination.

Qu’est ce qui explique, en terme de timing, que vous preniez maintenant un cabinet pour une étude d’évaluation ?

D’abord c’est quelque-chose qui est prévu dans les textes de la Vision 2020.
Ensuite, ceux qui connaissent le management stratégique savent que dans une stratégie à mi-chemin, il faut s’arrêter pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas en prenant en compte toutes les donnes relatives à l’environnement économique et géostratégique qui ont changé radicalement.
Quand je suis arrivé au département du Tourisme, les opérateurs privés, ceux-là même qui avaient signés cette Vision et la convention-cadre, la remettaient en question.
Pour moi, il fallait tout d’abord essayer d’honorer les engagements pris avant de décider s’il y a lieu ou pas à un recadrage.
Le chiffre de 7 Millions de dirhams comme coût de cette étude est sorti dans la presse. Ce chiffre est-il vrai et surtout est-il justifié ?
Effectivement, ce montant est vrai. C’est le coût d’un tel travail avec un grand cabinet.

Qu’est ce que cela représente dans une Vision qui engage toute une nation et dont le coût dépasse les 150 milliards de dirhams ?

L’étude était inscrite dans les textes de la Vision. Il fallait le faire et mettre les moyens qu’il fallait. Et cela a été fait dans le respect des procédures et des lois en vigueur en matière de marchés publics.

Dans l’hebdomadaire Tel quel, «Fouad Chraibi, past-président de l’ANIT dit que « c’est plus simple de dire que la Vision 2020 n’existe pas… » que répondez-vous à cela ?

J’ai beaucoup de sympathie pour Fouad Chraibi mais s’il a dit cela, c’est qu’il n’a rien compris. Il faut peut-être être visionnaire pour comprendre…
Et puis, il ne faut surtout pas confondre la Vision avec le Contrat-Programme. La Vision est une projection et le contrat-programme, un engagement de chaque partie signataire.
Toute la nuance est là…

D’autres opérateurs notamment Fouzi Zemrani, Vice-Président général de la CNT pensent qu’aujourd’hui le Tourisme n’est plus une priorité pour le Gouvernement. Que répondez-vous à cela ?

Je n’ai pas bien compris ce qu’ils veulent dire par cela en fait… C’est le Gouvernement actuel qui a mis en place la taxe sur l’aérien. C’est aussi ce Gouvernement qui a mis des lignes budgétaires au profit du FMDT pour refaire le tour de table des stations de Saïdia et de Taghazout.
C’est toujours le Gouvernement actuel qui a soutenu l’aérien et qui a fait qu’on est par exemple passé à Marrakech de 300 à 500 vols par semaine.
C’est encore le Gouvernement actuel qui a procédé à la refonte de l’arsenal réglementaire concernant le classement hôtelier, le guidage, les agences de voyage, la Gouvernance du secteur et les établissements sous tutelle la SMIT et l’ONMT…etc
Bien sûr, tout n’est pas parfait ; il doit y avoir plus d’efforts notamment pour augmenter le budget de l’ONMT ou encore pour investir afin de réinventer la marque Agadir ou Ouarzazate, de booster les liaisons aériennes… etc
Mais il faut reconnaître à ce Gouvernement que malgré une conjoncture économique difficile et une conjoncture internationale particulièrement hostile notamment à cause de la vague d’attentats, le secteur reste, si ce n’est prioritaire, du moins incontournable pour le Gouvernement actuel.

Lire aussi

Tourismapost